Choisir la police de caractères de ses documents juridiques

Tout comme le choix des mots et de la tenue vestimentaire, la police de caractères a un réel impact sur la lisibilité de vos écrits juridiques et la perception de votre image de professionnel.

Calibri, c’est fini !

Il est important d’éviter les polices de caractères par défaut, notamment Times New Roman et Calibri. Elles sont devenues aujourd’hui synonymes d’indifférence et d’absence de personnalité.

Vous allez me dire : « Fausse préoccupation ! Je ne suis pas designer, mon client ne connaît rien en typographie et le juge encore moins ! C’est seulement le sens de mon texte qui importe ! »

Il n’est pas nécessaire d’être graphiste pour reconnaître une mauvaise mise en page. Vos clients et confrères ainsi que les magistrats sont quotidiennement exposés à de beaux exemples de typographie et mises en pages grâce aux journaux, à la publicité et aux sites internet.

Le point commun entre ses exemples est la non-utilisation des polices de caractères préinstallées avec votre ordinateur.

Choisir ses polices de caractères

On peut diviser les polices de caractères en deux catégories : avec ou sans empattements. Les polices avec empattements comportent des … empattements (en rouge sur l’image ci-dessous) et sont les plus utilisées en imprimerie. Ses petites terminaisons permettent d’améliorer la lecture de longs textes en réduisant la fatigue visuelle.

Les polices sans empattements, que l’on appelle aussi « caractères bâton », sont adaptées pour la lecture sur écran (sites internet, présentations, infographies…) et dans la rue (panneaux de la route, enseignes et publicités).

Police de caractères avec empattements

Les documents imprimés

Pour les documents qui seront principalement consultés sur papier (conclusions, lettres, télécopies…), essayez une des polices suivantes préinstallées avec Microsoft Office :

  • Century Schoolbook – utilisée par la Cour Suprême des États-Unis, elle est particulièrement lisible et dégage une certaine autorité ;
  • Garamond – élégante et mature, elle est plus compacte que Century Schoolbook et soi-disant pourrait économiser de l’encre.

Vous pouvez également télécharger et installer une des polices Google Fonts suivantes :

  • Roboto Slab – si vous aimiez Times New Roman, c’est une bonne alternative ;
  • Crimson Text – similaire à Century Schoolbook ;
  • Neuton – élégante et calme.

Enfin, Equity (payante) est une police spécialement conçue pour les documents juridiques (selon son auteur) et pourrait s’avérer un bon investissement.

polices_avec_empattements_02

Les documents électroniques

Si certains de vos documents sont exclusivement prévus à être consultés sur écran au format PDF, vous pouvez vous orienter vers une des polices suivantes :

  • Open Sans – il s’agit d’une alternative à Arial ;
  • Merriweather Sans – lisible même en petites caractères ;
  • Roboto – c’est une police polyvalente que j’utilise personnellement pour SketchLex.

Enfin, Concorse (payante) est une police distinguée et très légèrement amicale, elle inspirera le professionnalisme et la confiance. polices_sans_empattements_01

Documents éditables

Lorsque vous envoyez des documents dans des formats éditables (.doc, .docx, .odt, .pages…) comme c’est le cas des contrats à négocier, le destinataire ne pourra pas visualiser votre police personnalisée si n’est pas installée sur son poste.

Dans ce cas-là, il verra le document formaté avec la police système par défaut, qui peut être Times New Roman ou Calibri.

Pour parer à ce problème, vous pouvez :

  • Formater le document initial en utilisant une police de base comme Arial ou Calibri et appliquer votre feuille de style à la version définitive ;
  • Adresser au destinataire les fichiers de police à installer.

Les emails

L’utilisation d’une police personnalisée a peu d’intérêts sachant que vos destinataires accèdent à leurs emails via un webmail ou divers logiciels de messagerie (Outlook, Thunderbird,  Mail pour Mac, applications pour smartphones…) qui modifient systématiquement l’apparence de vos messages.

Ici s’applique la même limite technique que pour les documents éditables : si votre police spéciale n’est pas installée sur le poste du destinataire, elle est substituée par une des polices par défaut.

Dans le cas des webmails et des smartphones, il est souvent tout simplement impossible d’installer et d’utiliser une police personnalisée, que ce soit en envoi ou en lecture.

Dans ces cas-là, misez sur des polices compatibles et largement répandues comme Verdana ou Arial.

Conclusion

Une bonne police d’écriture ne vous fera pas remporter l’affaire, mais elle fluidifiera la lecture de vos courriers et participera à votre image de professionnel.

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Miroslav Kurdov

Miroslav Kurdov

Miroslav KURDOV (@ticproquo) est à l’origine un juriste passionné par la visualisation des informations juridiques et auteur du blog www.SketchLex.com. Aujourd'hui, Miroslav propose ses services aux avocats et juristes souhaitant communiquer l'information juridique à l'aide de schémas, graphiques et infographies.

7 commentaires

  1. Bonjour,
    Existe-t-il une norme pour la taille minimale de police pour les comptes-rendus médicaux ?
    Merci.

    1. Hm, pas à ma connaissance. En règle générale, plus la personne est agée, plus il faut agrandir la police (13-14pt).
      Sinon, je pense que Karel van der Waarde connaît meiux le sujet 🙂 Check –> http://graphicdesign-research.com/Karel/Home.html

  2. Bonjour
    En France, les notaires faisant payer, entre autres, leurs actes au nombre de pages rédigées, existe-t-il une norme qui s’impose à eux, question par exemple taille de la police, largeur des marges, hauteur de l’en-tête et pied de page, interligne ….
    Suivant les tailles et dimensions de ces éléments, il est facilement possible de doubler le nombre de pages du document et donc son coût !
    D’avance merci pour votre réponse

    1. Je ne suis pas au courant d’une norme spécifique, ce serait une très bonne idée d’avoir des guidelines là-dessus ! J’ai entendu plusieurs fois d’avocats que certaines juridictions suggèrent d’utiliser une taille et une police spécifique.

      Je peux imaginer qu’on peut reprocher à un notaire de « gongler » artificiellement le nombre de pages, s’il utilise une police trop grande (<12pt) sans en justifier la raison.

      La taille de caractère trop petite a déjà été sanctionné dans le cadre de contrats à la consommation (par ex. CGV de SFR dans cette affaire --> Cour d’appel de Paris, Pôle 5, chambre 11, 30 mars 2018, RG N° 16/16694 https://www.legalis.net/jurisprudences/cour-dappel-de-paris-pole-5-ch-11-arret-du-30-mars-2018/).

  3. Merci pour votre réponse.
    Cdlt

  4. Merci pour cet article qu’un collègue vient de me transférer. Calibri était pourtant bien, mais suite à vos recommandations nous allons passer à Roboto. Bonne journée.

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